LA DISPARITION.
Comme un hommage à Georges PEREC.
Georges PEREC, ça ne vous dit rien ? C'est l'auteur d'un ouvrage, LA DISPARITION, dans lequel il relève le défi de rédiger son roman sans utiliser le moindre -e-. J'ai tenté de le lire une fois mais tellement obsédée par l'espoir que je pourrais voir apparaître le caractère disparu s'afficher sur une page du livre, nerveuse et agacée comme ceux à qui échappe le dernier mot, j'ai du refermer le bouquin. Rien ne vous empêche de vous y mettre.
Ci-dessous, la route que j'empruntais pour aller quelque part, ... quand j'ai vu ça ! Mon seul objectif alors était de revenir sur cette route et de lire attentivement (quoi qu'il n'en faille pas autant) le panneau d'indication que je croisai ce jour (passé simple, ok ?!).
S'il fallait à chaque fois que l'on sort penser à prendre son appareil à photos... Un peu honteuse, je dois reconnaître que les téléphones portables ont du bon , du moins quand ils prennent des photos.
En fait, le panneau que vous voyez a été recyclé. On peut y lire en filigranes "passage surélevé". Mais la Ville, voulant certainement leurrer sa population au travers d'un petit subterfuge grossier et maladroit, a jugé bon d'apposer par-dessus l'ancienne inscription... une petite signalisation genre tapée en caractères 65 sur un ordinateur et imprimée sur du papier autocollant. J'ai regardé, c'est coupé droit. Ca va, ils ont investi dans un massicot. On peut croire qu'il y a d'autres panneaux comme celui-là alors...
Tout ça, on s'en moque un peu. Lisez plutôt. Quoi ? c'est écrit trop petit ? Pas grave, j'ai le même en plus grand.
Là on voit mieux kamème. J'ai voulu trouver une excuse au dérapage orthographique des services techniques de la ville ; croire que c'était "faute de place". Je me suis dit aussi que le -e- était sans doute caduc et qu'il était tombé aux premiers jours de l'automne. J'ai pensé à un -e- dans l'eau, suicidaire. Un -e- coulant ? Un -e- muet, accident de la voix publique ?
Mais tout ceci ne tenait pas la route.
En fait voilà :
chaussée : nom commun féminin singulier ,
déformé : participe passé de verbe déformer. Remplit ici la fonction d'adjectif qualificatif. Celui-ci s'accorde en genre en en nombre avec le nom auquel il se rapporte.
Déformé devrait donc être accordé à chaussée.
Donc l'orthographe correcte est "déformée", féminin singulier (comme "chaussée").
Il faut croire que l'accord des participes leur a causé un -e- au cerveau. On saura où le trouver.
Si vous ne me suivez pas eh bien continuez votre route. Mais ça n'empêche en rien que l'on se croise à nouveau hein ?
(si vous regardez bien la seconde photo, en arrière-plan, on aperçoit l'inscription "passage surélevé" sur deux lignes).