UN JOUR A LA FAC.
(Première publication le 04 août 2010 en page d'accueil. Cette nouvelle publication, dans la catégorie "petites misères du quotidien", me permet d'archiver ce texte et donc de le laisser désormais à disposition des lecteurs.)
Lieu d'échange et d'ouverture d'esprit, l'université représente incontestablement l'accès aux savoirs. Et pourtant...
Un jour en cours de sciences de l'éducation :
La prof :
Ben oui, l'instituteur va préférer aider Caroline qui est assise devant et qui a de bonnes notes plutôt que de perdre son temps avec Mohammed qui est assis au fond et qui de toute façon va redoubler.
Moi :
là, je crois à une blague ou à un discours rapporté. Echange de regards instantané avec ma voisine de droite (assise à ma droite, en fond d'amphi...).
Interdite, je fixe tout ce que je peux puiser d'attention sur la prof qui vient de prononcer ces mots (j'essaie de comprendre, quoi).
La prof :
(en désignant les étudiants installés en fond d'amphithéâtre, 4 dont trois maghrébins).
Comme vous, au fond, je vous vois bien revenir au prochain semestre, hein.
J'ai eu 15 à l'UV... (anciennes unités d'enseignement). J'aurais pu avoir bien plus ! C'est juste que je n'étais pas assise à la bonne place.
La petite réflexion qui s'est alors imposée à moi :
La réussite à l'université relèverait d'un calcul savant entre l'origine (des parents) de l'étudiant et la distance qui le sépare du professeur.
En fait, il s'opèrerait une sorte de transformation de la capacité à comprendre de l'étudiant, et donc de sa note, au fur et à mesure de la progression des propos du prof dans l'amphi. Bizarre ça.
Dislocation aérienne de la pensée ? Parasitage de la compréhension par les étudiants des premiers rangs ? Absorption de la parole du prof par Caroline et compagnie, si bien qu'à la fin, il ne nous reste plus rien ?!
En même temps, il y aurait une volonté inconsciente de l'étudiant que d'avoir de mauvaises notes (!) : ceci s'explique par le choix (délibéré ? Forcé par le conditionnement ? ) de s'installer en fond d'amphi. Curieux...
Comme une accoutumance à l'échec.
Et puis l'instit, en plus de s'intéresser à Caroline-qui-a-de-bonnes-notes, son travail, ce n'est pas aussi d'aider Mohammed ?
La question reste ouverte.