QUEL CHOMEUR ETES-VOUS ?

Publié le par vivemafrance

 

Vous êtes en train de lire mon 100ème billet. Rien de bien significatif, ni de bien symbolique non plus. Je tenais seulement à le souligner.

 


 

 

 

Ca y est, c'est votre tour. Vous espériez que ça ne se produise jamais mais voilà, vous êtes au chômage. Pour vous permettre d'y voir plus clair  (et pour faire comme tout le monde... J'ai pas honte !), vivemafrance a souhaité vous donner les trucs qui vous aideront à  reconnaître le chômeur qui s'éveille en vous et peut-être à devenir un vrai chômeur tendance. 

 

Les journaux et magazines regorgent de conseils en tous genres pour vous aider à retrouver un emploi. Ca parle travail, offres d'emploi, lettre de motivation, entretien d'embauche... Ca parle de tout. Mais vous dans tout ça ?

Les proches sont pleins de "alors ton entretien ?", "c'est pas comme ça que tu vas trouver du travail", "t'as essayé les boîtes d'intérim ?". Alors on a le moral dans les chaussons. Quand on ne le retrouve pas tapi dans un coin de la maison. On a des envies d'insultes, tout ça. Qu'à cela ne tienne. Un seul mot d'ordre quand on est au chômage : cultiver la positive attitude !

 

 

Vous venez d'être licencié. Comment réagissez-vous ?

 

 

A. Vous commencez votre recherche d'emploi en consultant les offres de temps-en-temps mais pas trop souvent.

 

B. Levé à 14 heures 15, vous restez planqué à la maison en attendant la fin de la journée dans l'espoir qu'elle ne sera pas trop ennuyeuse.

 

C. Vous vous levez avec les poules, comme avant... Direction le parking de la gare RER où vous garez votre voiture, comme avant... pour faire croire à tout le monde que la vie continue.

 

D. Vous profitez de vos journées pour aller visiter vos amis qui comme vous sont au chômage et vous vous dites que vous avez bien de la chance de ne pas sortir travailler par un temps pareil.

 

E. Vous partez en vacances au soleil l'esprit tranquille en jurant que le capitalisme ne parviendra jamais à vous ôter votre liberté.

 

F. Vous pleurez nuit et jour en hurlant à la mort que votre vie est foutue et que votre ancien patron est une espèce de tuuuut

 

 

Vous avez répondu OUI à au moins deux propositions parmi les propositions B, C et F :

 

Après toutes ces années passées au service de la société, vous n'avez rien appris. Vous ne connaissez absolument rien au monde du travail et votre traversée du désert risque de durer bien plus de 40 ans.

 

Vous avez répondu OUI à au moins deux propositions parmi les propositions A, D et E :

 

Les gens comme vous sont extrêmement nuisibles au bon fonctionnement de notre société. Qui plus est, vos économies ne sont pas intarissables. A moins de vivre des rentes de vos parents ou aux crochets d'un conjoint trop naïf, vous risquez bien de ne jamais pouvoir vous payer le billet retour de vos dernières vacances à Cuba.

 

Dans les deux cas, la positive attitude, c'est à peine si vous savez l'orthographier correctement. Alors lisez attentivement ce qui suit et peut-être serez-vous un jour vous aussi un chômeur tendance. 

 

 

Vous menez vos recherches d'emploi comme ça :

 

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 centreathena.mimizan.com

 

Vous êtes le chômeur out.

 

Votre allure de beauf vous donne un air sympathique et bon vivant qui attire les personnes condescendantes. Votre style laisse penser que vous êtes en vacances dans le camping d'à côté. Si vous ne vous reprenez pas, tout ce que vous allez trouver, c'est un poste de serveur d'apéro. Aïe...!

Sérieux, ça craint. Ca fait franchement loser. Vite ! Il est impératif de changer de tenue. Et de posture aussi ! Le marcel rouge est à bannir ABSOLUMENT et les poings sur les hanches genre et-v'là-pas-que-j'te-lis-les-offres-d'emploi aussi.  Vous n'avez vraiment pas l'attitude du chômeur qui recherche un emploi. Vous confondez positive attitude et laisser-aller.

 

 

Vous menez vos recherches d'emploi comme ça :

 

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maisondelemploi-slva.com

 

Vous êtes le chômeur conventionnel.

 

Votre crayon rouge jure avec votre chemise bleue. Sa mine usée (pas la vôtre. Quoique...) laisse deviner que vous avez piqué vos fournitures dans la trousse de votre enfant, ou alors que ça fait des piges que vous êtes là à tracer des cercles dans votre journal... Quand on cherche du boulot, on ne lit pas les petites annonces dans le journal ! Vous savez retrousser vos manches le moment venu et vous avez compris qu'on ne lit pas les offres en pyjama. C'est bien ! Mais la chemise-cravate... Détendez-vous...

Vous êtes un peu ancienne école. La positive attitude est encore loin. Et relâchez la pression au niveau des doigts, ça va pas le faire si vous planchez trop longtemps.

 

 

Vous menez vos recherches d'emploi comme ça :

 

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navi-mag.com

 

Vous êtes le chômeur relax.

 

Cadre épuré et style décontracté. Vous avez les outils de la recherche d'emploi : le PC portable et... la lampe qui n'éclaire rien mais que selon toute vraisemblance vous avez installée pour des raisons de feng-shui. Votre style très relax ne cache pas pour autant une certaine crispation - que vos traits ne semblent pas arriver à réprimer. Les mèches de cheveux fixées au gel font un peu j'ai-pas-le-temps-de-me-faire-des-shampooings. Attention aussi à la barbe de deux jours. C'est bien mais il faudrait un peu la tailler. Le t-shirt et le jeans témoignent néanmoins  de ce que vous avec la garde-robe du parfait chômeur. Personne ne s'y trompe, vous recherchez un poste dans l'informatique style programmeur. Vous avez tout compris mais dans le désordre. Vous êtes en équilibre instable entre l'être et la paraître.

 

 

Vous menez vos recherches d'emploi comme ça :

 

 poleemploi 

pole-emploi.fr

 

Bravo ! Vous êtes le chômeur tendance !

 

Comment ça ? Mais vous êtes encore au chômage ? Plus pour très longtemps alors.

Ca, c'est du positif ! C'est comme ça qu'on recherche un emploi aujourd'hui. Juste après l'inscription à Pôle emploi pour votre dossier d'indemnisation, vous foncez chez Alaligne où vous achetez un pouf poire rouge et la tasse à café assortie. Vous savez que pour tomber sur les offres "valables d'emploi", il va vous falloir vous lover dans l'ambiance cosy que pole-emploi.fr sait si bien vous transmettre. Vous n'achetez pas un pouf mauve ni marron. Le rouge, c'est la force tranquille.  D'ailleurs, sitôt installé dans le creux de votre poire, vous affichez le sourire de circonstance du chômeur zen et décontracté qui, malgré son âge certes encore jeune mais relativement avancé (j'ai dit "relativement"), ne s'inquiète pas de la discrimination à l'endroit des séniors. Vous ne laissez passer aucun détail : jeans-chemise et chaussures de ville à la mode casual. La positive attitude est là. 

(Seulement les désenchantements ne sont pas loin non plus...).

 

N.B. : comme le souligne l'image, cette attitude est disponible également en modèle "femme" (voir arrière-plan).

 

 

 

Avertissement :

Lorsque vous aurez enfin adopté le style tendance, ne faites pas comme l'homme sur la photo et veillez à ne pas obstruer la ventilation de votre ordinateur portable posé sur les genoux. Vous risqueriez très rapidement de vous retrouver dans la peau du chômeur conventionnel.

 

Besoin d'un conseil de pro ? D'un soutien moral ou d'un accompagnement à la recherche d'emploi ? Désolée. vivemafrance ne peut que tenter de vous faire sourire un peu.

 

 

Plus sérieusement :

C'est ainsi que Pôle emploi nous vend le chômage : une période agréable pendant laquelle on se gargarise de caféine bien installé dans son fauteuil. Il apparaît pour le moins surprenant que la période de recherche d'emploi soit enveloppée d'une symbolique aussi sereine. On nous présente le chômage comme une phase dans le travail, une période (conjoncturelle ?) non pas d'inactivité mais de pause (de repos ?). Une chance pour les heureux élus.

Il n'y a qu'à regarder cet homme tranquillement installé dans son pouf pour comprendre que les périodes de chômage sont dorénavant excessivement longues. Désormais, on s'installe dans la situation. Le chômage "va de soi", on ne s'en étonne pas ni on ne s'en accommode. On le vit. Heureux celui qui ne travaille pas.

 

Etrange façon de se désengager pour une administration dont les objectifs clairement affichés à sa création (fusion ANPE et ASSEDIC, 1er janvier 2009) étaient la diminution des délais dans le traitement des dossiers des demandeurs d'emploi et un meilleur suivi de ceux-ci (guichet unique, suivi personnalisé...) pour un retour plus rapide en emploi.

La dépression, le stress et autres pathologies "sociales" (ulcère...), dans ce contexte, s'inscriraient bien évidemment dans l'anormalité.

L'image qui nous est renvoyée ici est celle d'un pôle emploi qui produit de la confiance, de la satisfaction.


Pourtant... Trois ans après la fusion, les antennes n'en finissent pas de fermer ni les effectifs de diminuer. Les agents, ne supportant plus leurs conditions de travail, posent leurs arrêts de travail les uns après les autres quand les plus faibles, dans un cri de désespoir, tentent de mettre un terme à ce désordre bien orchestré. Les demandeurs d'emploi sont certainement traqués mais pas suivis. S'ensuit un climat d'agressivité dans les agences, etc.

 

Alors j'imagine bien que ce monsieur qui pose tout sourire pour le gendarme du travail n'a pas à subir tous les mois l'humiliation du "pointage" (en politiquement correct : actualisation).

 

Publié dans actualité sociale

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R
<br /> Il manque une catégorie de chômeurs je pense : ceux qui sont en France parce que les prestations sociales y sot parmi les plus généreuses au monde (dixit Nicolas sarkoozy). Je ne sais même plus<br /> quoi faire de toute cette générosité.<br /> <br /> <br /> Si on pouvait avoir un des meilleurs systèmes d'accompagnement des chômeurs, je sortirais de ma catégorie avec plaisir.<br />
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